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05/02/2021

Hausse de l’offre céréalière et insécurité alimentaire persistante au Mali : le « paradoxe de Sikasso »

Dans un dossier des Cahiers Agricultures consacré aux zones cotonnières d'Afrique de l'Ouest, un article analyse les relations entre développement économique et sécurité alimentaire, dans une région du sud du Mali. Celle-ci regroupe plus de 5 millions d’habitants et compte 520 zones de production de coton et de céréales (respectivement 30 % et 60 % de la surface agricole cultivée). Les auteurs testent le « paradoxe de Sikasso », selon lequel une production agricole importante peut cohabiter avec des formes d’insécurité alimentaire. La région connaît, entre 1997 et 2013, une forte croissance démographique (+118 %), qui s’accompagne d’une augmentation de la production céréalière rendue possible par le recours aux intrants, financé par l’intensification de la culture cotonnière. Ces réussites agricoles coexistent néanmoins avec des situations de malnutrition concernant un quart des enfants. Dans le traitement de l’insécurité alimentaire, les auteurs préconisent donc la mise en place d’une nutrition-sensitive agriculture et une meilleure prise en compte des usages de la nourriture.

Source : Cahiers Agricultures

L'impact du changement climatique sur la position de la ceinture des pluies tropicales

Des chercheurs des universités de Californie et de Yale ont modélisé l'impact du changement climatique sur l'évolution latitudinale de la zone de convergence intertropicale, laquelle détermine en grande partie les conditions hydrologiques et climatiques au niveau des tropiques. Ils montrent que, contrairement aux conclusions précédemment publiées à ce sujet, les déplacements ne seront probablement pas homogènes. Ainsi, selon les modélisations, d'ici à 2100, la zone de convergence intertropicale se déplacera vers le nord au niveau de l'Afrique de l'Est et de l'océan Indien, et vers le sud au niveau de l'est de l'océan Pacifique, de l'Amérique du Sud et de l'océan Atlantique. Ces résultats fournissent une base d'explication à l'augmentation prévisionnelle des sécheresses en Afrique du Sud et de l'Est, à Madagascar et en Amérique centrale, mais aussi à l'intensification des inondations en Inde du Sud. Ces zones hydrologiques sont fondamentales pour la sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité.

Évolution des températures au niveau de la mer et des niveaux de précipitation en réponse au changement climatique

ceinture des pluies .jpg

 
Source : Nature Climate Change

Lecture : en a, évolution des températures globales au niveau de la mer entre les périodes de base (1983-2005) et future (2075-2100). En b, évolution des précipitations et des températures au niveau de la mer, dans une zone de l'océan Indien située entre les longitudes 50° Est et 100° Est. En c, évolution des précipitations et des températures au niveau de la mer, dans une zone des océans Pacifique Est et Atlantique située entre les longitudes 110° Ouest et 0°.

Source : Nature Climate Change 

13/01/2021

Les réserves céréalières, un facteur de résilience des systèmes alimentaires africains

Lors du colloque annuel de la fondation Farm, qui s'est tenu le 18 décembre 2020 en visioconférence, analyses scientifiques et témoignages professionnels ont envisagé des pistes pour améliorer la résilience des systèmes alimentaires africains, mise à l'épreuve en 2020 par la Covid-19 : appui aux producteurs agricoles, développement de la transformation locale, assurances, aide alimentaire ou financière, institutionnalisation des secteurs. Comparant les crises de 2008 et de 2020, F. Galtier (Cirad) a rappelé le rôle de la faible disponibilité céréalière dans la hausse des prix en 2008 et l’effet bénéfique de la libération d’un important stock de riz japonais. En 2020, la disponibilité des céréales a limité l’ampleur de la crise alimentaire. Selon F. Galtier, coordonnateur d’un rapport sur ce sujet pour la Commission européenne, rendu en 2018, le développement de réserves publiques, accompagné de mesures de gestion et de coordination, pour fournir une aide ciblée et stabiliser les prix, atténuerait la fréquence et l’intensité des crises à venir.

Source : Farm

11/01/2021

Comment améliorer les politiques de lutte contre l'insécurité alimentaire en Europe ?

Des chercheurs des universités d'Anvers et d'Oxford se sont penchés sur le problème de l'insécurité alimentaire dans 24 pays d'Europe. Bien que la plupart d'entre eux aient mis en place des dispositifs d'assistance sociale, une partie parfois importante de la population accède encore difficilement à des régimes sains, pour des raisons économiques. Les chercheurs ont estimé le coût de ces régimes, en accord avec les recommandations nutritionnelles nationales, ainsi que les coûts du logement et des autres biens et services essentiels. Ils ont utilisé ces estimations pour évaluer la proportion de la population risquant d'être confrontée à des problèmes d'insécurité alimentaire (au moins 10 % de la population dans 16 des 24 pays étudiés), avant de comparer ces dépenses aux revenus des ménages modestes. Leurs résultats montrent que les politiques ciblant uniquement l'insécurité alimentaire s'avèrent insuffisantes pour assurer l'accès de ces ménages à des régimes sains. Pour eux, des politiques économiques et sociales plus ambitieuses devraient être mises en œuvre, avec en particulier l'instauration de revenus minimums couvrant les biens et services essentiels, et la limitation du coût de ces derniers.

Comparaison du montant net des aides sociales (points et courbe noire) et du revenu minimum (losanges), pour un ménage d'un couple avec deux enfants, avec les coûts du logement (barre blanche) et de régimes sains (barre grisée) pour 24 pays d'Europe

insécurité alimentaire.jpg

Source : Food Policy

Source : Food Policy

15/09/2020

Biais thématiques et spatiaux de la littérature scientifique sur la sécurité alimentaire

Dans son numéro de septembre 2020, la revue Global Food Security présente les enseignements d'une étude de la littérature scientifique traitant de la « sécurité alimentaire ». Les auteurs y proposent une analyse innovante, utilisant une technique de fouille de texte (text mining) pour mettre en perspective les aspects thématiques et géographiques de ces travaux. À partir d'une recherche avec les mots clés « food security » et « food insecurity » dans la base Scopus, ils constituent un corpus de 16 152 résumés d'articles scientifiques, revus par les pairs et en langue anglaise. Publiés de 1975 à 2018, leur nombre augmente fortement sur la période récente (plusieurs milliers par an), à l'image de la tendance générale des publications scientifiques.

Les analyses couvrent la plupart des pays (187 identifiés), et des variations significatives sont constatées. Les États-Unis font l'objet du nombre le plus important d'articles (15 %), suivis de la Chine et de l'Inde. La répartition des travaux au sein d'une grande région ou entre pays de niveaux similaires de développement économique est inégale : par exemple, en Asie, les États de l'ex-URSS sont moins traités, comme ceux d'Afrique centrale. Dans les années récentes, la localisation des travaux ne concorde pas avec celle des populations les plus en insécurité alimentaire, du fait, par exemple, du ciblage des financements ou de la disponibilité des données.

Les auteurs identifient neuf grands thèmes au sein du corpus. Tous les sujets sont globalement connectés, et deux groupes spécifiques se dégagent, autour des aspects biophysiques de la production et des aspects sociaux de la sécurité alimentaire. Si, avant le milieu des années 1990, les travaux portent essentiellement sur l'Afrique et sur les enjeux économiques et la sécurité alimentaire globale, beaucoup d'autres thématiques sont plus récentes. Actuellement, les conditions de vie, la sécurité alimentaire mondiale et le climat et la durabilité occupent une place importante (respectivement 14,9 %, 14,6 % et 13,1 % des productions analysées).

Évolution des articles scientifiques portant sur la sécurité alimentaire : nombre total (C), répartition par grandes régions (A) et par thèmes (B)

sécurité alimentaire,chine,etats-unis

Source : Global Food Security

Lecture : en A, proportion de la littérature sur la sécurité alimentaire par grandes régions, avec un pas de temps de cinq ans, et exclusion des articles ne ciblant pas une zone spécifique (HICs : pays aux plus hauts revenus ; LAC : Amérique latine et Caraïbes). En B, proportion de la littérature liée à différents thèmes. En C, nombre de publications par an : pour les années récentes, le nombre d'articles diminue car ceux ne bénéficiant pas de citations dans d'autres productions n'ont pas été retenus dans la constitution du corpus selon l'un des critères fixés par les auteurs : comme certains articles publiés récemment n'ont pas encore pu être cités dans d'autres publications, le nombre total d'articles retenus diminue.

Enfin, plusieurs limites de cette démarche sont soulignées : le recours à la seule base Scopus, écartant notamment la littérature plus ancienne ; la prise en compte uniquement des productions en anglais ; un travail sur les seuls résumés des articles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security

 

 

 

 

Rapport 2020 de la FAO sur l'état de la sécurité alimentaire dans le monde : les coûts cachés des « régimes non sains »

Le rapport 2020 sur la sécurité alimentaire dans le monde confirme une dégradation récente de la situation : 690 millions de personnes sont touchées par la faim (10 millions de plus que l'an passé) et 2 milliards sont en situation d'insécurité alimentaire modérée à grave. En 2030, 840 millions de personnes pourraient souffrir de la faim. De plus, en 2020, seraient concernées 83 à 132 millions de personnes supplémentaires, du fait de l'épidémie de Covid-19.

Le rapport se concentre sur l'accessibilité des régimes sains dans le monde, en moyenne 5 fois plus chers que les régimes non sains (riches en amidon couvrant uniquement les besoins caloriques). Dans tous les cas, les coûts cachés (santé, environnement) de l'alimentation sont très significatifs. D'ici à 2030, l'adoption de régimes sains réduirait de 95 % les coûts des maladies non transmissibles (maladies cardiaques, diabète ou cancer), et de 41 à 74 % ceux liés aux émissions de gaz à effet de serre. Des politiques publiques de soutien à la transformation des systèmes alimentaires et de protection sociale sont enfin préconisées.

Les préconisations pour réduire le coût et améliorer l'accessibilité des régimes sains

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Source : FAO

Source : FAO

 

05/05/2020

135 millions de personnes seraient en situation d'insécurité alimentaire grave dans le monde

Le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) a publié, en avril, l'édition 2020 de son rapport global sur les crises alimentaires. Les auteurs, qui ont analysé 55 pays et territoires, estiment que 135 millions de personnes seraient exposées à une crise ou à une catastrophe alimentaire. L'Afrique et les régions Asie et Moyen-Orient seraient particulièrement touchées (respectivement 73 et 43 millions de personnes). Dans les 50 pays déjà étudiés lors de l'édition 2019, ce nombre aurait augmenté de près de 10 % en un an. Ces crises sont surtout liées à des conflits locaux (touchant 77 millions de personnes dans 22 pays), à des événements climatiques extrêmes (34 millions dans 25 pays) ou à des chocs économiques (24 millions dans 8 pays). Les auteurs anticipent que la plupart de ces crises vont se poursuivre en 2020.

Les dix crises alimentaires les plus graves en 2019

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Source : Food security information network

Bien que principalement établi avant l'épidémie de Covid-19, le rapport en identifie néanmoins les menaces pour la sécurité alimentaire (dont baisse de pouvoir d'achat et hausse des coûts de production).

Source : Food security information network

16/04/2020

Covid-19 : analyses et recommandations du Groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE)

À l'initiative du président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), le HLPE a publié un Issue Paper sur les impacts du Covid-19 sur le système alimentaire mondial, la sécurité alimentaire et la nutrition. Selon les auteurs, la pandémie pourrait réduire à la fois l'offre alimentaire (manque de main-d’œuvre, accès limité aux intrants, ruptures des chaînes d’approvisionnement) et la demande (baisse de pouvoir d'achat, mesures de confinement). Ces phénomènes pourraient survenir de façon interconnectée et complexe, si bien que la résultante des impacts est difficile à prévoir, avec une instabilité des marchés alimentaires locaux et globaux. Le HLPE fait des recommandations mettant l'accent sur : i) la nécessaire coordination internationale, dans laquelle le CSA pourrait jouer un rôle moteur ; ii) la priorité donnée aux personnes les plus vulnérables, avec des mécanismes de protection sociale ; iii) un appui au fonctionnement des chaînes d'approvisionnement (conditions de travail, fourniture d'intrants, etc.) ; iv) la production et le partage de données et de lignes directrices utiles à l'analyse et à la recherche sur la pandémie.

Source : CFS HLPE

04/02/2020

Une analyse des discours scientifiques sur la question alimentaire mondiale depuis 50 ans

Comment nourrir une population mondiale croissante ? Cette question a fait l'objet de nombreuses publications au cours des cinquante dernières années. Afin de voir les évolutions des discours scientifiques sur le sujet, des chercheurs suédois ont analysé un corpus de 12 640 publications. Au moyen d'un algorithme de regroupement, ces publications ont été classées en trois catégories, en fonction de l'angle sous lequel elles abordent cette question : la production alimentaire globale ; la demande par habitant ; la croissance de la population.

Les chercheurs montrent que l'augmentation de la production est l'angle privilégié par un nombre important et croissant d'analyses, alors que la réduction de la demande alimentaire par habitant n'a toujours suscité qu'une attention limitée. Par ailleurs, alors que nombre de publications abordaient cette question sous l'angle de la population il y a 50 ans, cette perspective est aujourd'hui marginale. Enfin, les auteurs constatent que très peu de publications combinent ces trois angles d'approche.

Répartition des publications au cours du temps selon les trois catégories

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Source : Global Food Security

Lecture : les courbes jaune (resp. bleue, violette) montrent les proportions de publications mobilisant des approches par la production alimentaire (resp. par la demande par habitant, par la population).

Source : Global Food Security

12/12/2019

Vulnérabilité de l'agriculture et des pêcheries marines face au changement climatique

La revue Sciences advances a présenté, fin novembre, une étude consacrée à la vulnérabilité des systèmes de production alimentaire de différents pays du monde face aux effets du changement climatique. Le travail se focalise sur l'agriculture (hors élevage) et les pêcheries marines, dans respectivement 240 et 194 pays ou régions. Deux scénarios à horizon 2100 sont étudiés : un scénario « business as usual » ne supposant pas de réduction particulière des émissions de gaz à effet de serre ; un scénario de limitation forte conforme aux objectifs de l'Accord de Paris.

L'étude révèle que le changement climatique peut avoir des effets « gagnant-gagnant », « gagnant-perdant » et « perdant-perdant » pour l'agriculture et la pêche. Les régions tropicales seraient les plus exposées aux situations « perdant-perdant », sachant qu'elles sont également les plus vulnérables vis-à-vis de l'emploi, de la sécurité alimentaire et du revenu, et avec une moindre capacité d'adaptation. Les pays situés à une plus haute latitude, quant à eux, feraient face à des impacts plus faibles, voire à des situations gagnant-gagnant (Canada, Russie). Ainsi, le scénario business as usual exposerait 90 % de la population mondiale à des situations perdant-perdant et moins de 3 % à des situations gagnant-gagnant. Le scénario « Accord de Paris », en revanche, se traduirait par une exposition plus réduite de la population (60 %) à des situations perdant-perdant et plus de personnes (jusqu'à 5 %) se trouveraient dans des situations gagnant-gagnant. De plus, les effets « perdant » seraient de moindre amplitude que dans le scénario business as usual.

Écart de productivité de l'agriculture (A) et des pêcheries marines (B) à horizon 2100 sous le scénario « business as usual »

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Source : Science advances

Les auteurs en concluent que les stratégies pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre – à supposer qu'elles soient d'ampleur mondiale et maintenues dans le temps –, réduiraient massivement la vulnérabilité humaine aux impacts sur l'agriculture et les pêcheries marines. Et cela y compris dans les pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Les auteurs invitent à envisager des stratégies d'adaptation intersectorielles dans les pays faisant face à des situations gagnant-perdant, par exemple pour réduire la production agricole au bénéfice de la pêcherie marine, ou inversement. Des pistes de recherche complémentaires sont évoquées, notamment le développement de l'aquaculture, pour les États qui disposent d'infrastructures adaptées.

Amplitude des changements de la productivité agricole et des pêcheries marines (intérieur des anneaux A et B), et proportion de la population mondiale affectée (extérieur des anneaux A et B), selon deux scénarios d'émissions de CO2 (RCP8.5 et RCP2.5)

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Source : Science advances

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Science advances

08/02/2019

Nouvel ouvrage de la Banque mondiale sur l'impératif de sécurité alimentaire : accélérer les progrès dans les pays à bas et moyen revenus

Un nouvel ouvrage de la Banque mondiale s'intéresse au problème de la sécurité alimentaire, dans les pays à bas et moyen revenus. Alors qu'ils représentent 41 % de la population mondiale, ceux-ci concentrent 53 % des maladies d'origine alimentaire et 75 % des décès associés. Selon les auteurs, ce problème reste insuffisamment considéré par les décideurs, en raison de données épidémiologiques limitées et éparses, et d'une méconnaissance de l'ampleur et de la multiplicité des impacts des maladies d'origine alimentaire dans ces pays. Pour combler ce manque et proposer des pistes d'action, le rapport développe un argumentaire détaillé sur le rôle crucial de la sécurité alimentaire pour le développement (partie 1), synthétise les informations disponibles sur l'ampleur du fardeau de l'insécurité alimentaire qui pèse tout à la fois sur la santé publique, l'économie nationale, les marchés alimentaires domestiques et les exportations (partie 2), et passe en revue les pratiques actuelles en matière de gestion de la sécurité alimentaire (partie 3). Les auteurs proposent ensuite des recommandations pour chacune des parties prenantes : ministères, agences de sécurité alimentaire, instituts de recherche, partenaires commerciaux, etc.

Poids relatif des maladies d'origine alimentaire, par pays et selon le revenu par tête (2010)

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Source : Banque mondiale

Source : Banque mondiale

12:52 Publié dans Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : banque mondiale, sécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/10/2018

Land Use and Food Security in 2050: a Narrow Road. Agrimonde-Terra, Chantal Le Mouël, Marie de Lattre-Gasquet, Olivier Mora (coord.)

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Paru en septembre 2018, en version anglaise uniquement, l'ouvrage Land Use and Food Security in 2050: a Narrow Road. Agrimonde-Terra présente de façon détaillée la démarche, les méthodes et les résultats de l'exercice prospectif éponyme conduit par l’Inra et le Cirad. Ayant mobilisé environ 80 experts internationaux au sein de multiples ateliers thématiques, l'étude avait pour objectifs d'analyser et d'explorer les déterminants des changements d'usage des sols aux niveaux mondial et régional, les évolutions à attendre en matière de surfaces agricoles, et les grands enjeux relatifs à la sécurité alimentaire à l'horizon 2050.

La démarche prospective a porté sur le système « usage des sols - sécurité alimentaire », influencé par cinq variables directes (systèmes de culture, d'élevage, forestiers, structures des exploitations agricoles, relations rural-urbain) et trois variables exogènes (contexte global, climat, régimes alimentaires). La combinaison des hypothèses d'évolution de ces variables a donné lieu à la production de cinq grands scénarios (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) : trois scénarios tendanciels (« métropolisation », « régionalisation », « ménages ») et deux scénarios de rupture (« qualité des aliments et santé », « communautés rurales dans un monde fragmenté »). La narration de ces scénarios est enrichie de simulations chiffrées (cf. figure) issues de l'outil « GlobaAgri-AgT », un modèle d'équilibre utilisation-ressources de la biomasse mondiale développé par la plateforme GlobAgri Cirad-Inra, regroupant les commodités agricoles en 33 catégories, à partir des données de Faostat.

Changements d'usage des sols au niveau mondial entre 2010 et 2050 selon différents scénarios (millions d'hectares et % d'évolution)

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Source : Éditions Quæ

Au-delà des scénarios eux-mêmes, l'ouvrage est riche d'une revue de littérature des prospectives par scénarios menées sur ce thème (chapitre 4), d'une synthèse rétrospective des grandes tendances (chapitre 5), et d'un focus régional sur l'Afrique subsaharienne (chapitre 15). Au total, si tous les scénarios conduisent à une augmentation de l'usage agricole des terres, seul le scénario « santé » se révèle capable d'assurer la sécurité alimentaire mondiale à l'horizon 2050. Analysant en détail le rôle des technologies, du commerce et d'autres facteurs, les auteurs concluent en dégageant un ensemble d'options de politiques publiques, certaines valables dans tous les scénarios, d'autres spécifiques à chacun d'entre eux.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Éditions Quæ

06/03/2018

Pourquoi les nouveaux malthusiens se trompent

Depuis plusieurs années, les idées malthusiennes connaissent un certain renouveau, reprises par diverses orientations idéologiques (des « écolo-catastrophistes » aux « mouvements conservateurs ou d'extrême-droite »), et mettant en avant que la population humaine serait trop nombreuse par rapport aux ressources disponibles, au défi écologique et aux conditions nécessaires à la stabilité politique et économique. Terra Nova a publié début 2018 une note contrecarrant ces arguments. Pour ses auteurs, c'est plus la répartition des ressources qui est problématique que leur quantité ; le rythme de croissance de la population mondiale ralentit sous l'effet de la transition démographique ; les « progrès techniques mis au service d'une agriculture soutenable » pourront, comme hier, être sources de solutions. Population, progrès, production et consommation sont ainsi des variables étroitement liées et, pour répondre au défi démographique, il faut tant infléchir, de manière significative, les modes de production et de consommation, qu'investir dans les innovations vertes et dans l'éducation, en particulier des femmes.

Source : Terra Nova

14/12/2017

Atténuation des émissions de gaz à effet de serre et sécurité alimentaire

Dans une publication d'Environmental Research Letters, un collectif d'une douzaine de chercheurs explore, à 2050, les arbitrages entre sécurité alimentaire et stratégie d'atténuation. Pour ce faire, ils mobilisent le modèle économique d'équilibre partiel GLOBIOM, qui englobe les secteurs agricole et forestier. Cette approche prend en compte, de façon endogène, trois mécanismes d'atténuation : i) des leviers techniques visant le CH4, le N20 ainsi que le carbone séquestré dans les sols, ii) des changements structurels comme les types de systèmes de production (animal et végétal) ou dans les échanges commerciaux, iii) les rétroactions de la demande alimentaire suite aux variations de prix des denrées. La sécurité alimentaire est, quant à elle, considérée via le calcul des calories disponibles par habitant et par jour, la méthode FAO permettant d'estimer le nombre de personnes sous-nutries.

Les auteurs ont construit un ensemble de scénarios, en plus de celui de référence sans changement climatique, qui croisent différentes modalités parmi lesquelles :

- 5 seuils d'augmentation de température, auxquels sont associés une demande en biomasse destinée à l'énergie, et un prix de la tonne CO2 éq ;

- 8 applications différentes du prix carbone variant selon les zones géographiques (ex : pays de l'Annexe-I du protocole de Kyoto seulement, ou avec la Chine).

Pour un scénario avec une cible de + 1,5°C, le secteur des terres (agriculture, forêt et changement d'usage des terres), contribuerait à l'atténuation à hauteur de 7,9 GtCO2 éq par an en 2050. Par rapport au scénario de référence, la disponibilité alimentaire (calories par habitant et par jour) chuterait de 285 unités (110 si la demande est plus inélastique), ce qui signifierait 300 (80 dans le second cas) millions de personnes sous-nutries en plus. Dans un autre scénario, le prix carbone est appliqué à tous les pays pour les émissions de CO2, et seulement pour les pays de l'Annexe-I pour le CH4 et le N20. Il permet d'atténuer de 4,8 GtCO2 éq par an avec un moindre impact sur les calories disponibles (-140 calories). L'introduction de la séquestration de carbone par les sols, sans effet sur les rendements, permet encore d'augmenter ce potentiel à 11,4 GtCO2 éq et de limiter l'impact sur la sécurité alimentaire.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : Environmental Research Letters

06/12/2016

Publication de l'IDDRI sur la gouvernance alimentaire mondiale

Un rapport de l'IDDRI a été publié en octobre 2016 afin de situer les réformes du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) dans le contexte plus large d'évolution du dialogue international sur la sécurité alimentaire. La question de la sécurité alimentaire est en effet traitée par plusieurs instances multilatérales (notamment G8/G20, OMC et les discussions sur les Objectifs de développement durable – ODD – de l'ONU), ainsi que dans différents groupes de travail incluant des organismes et chercheurs variés. Selon l'IDDRI, cet éclatement ne permettrait pas une discussion appropriée sur le sujet et générerait une multitude de normes et règles, parfois conflictuelles. En conséquence, les auteurs appellent l'Union européenne à réaffirmer le rôle du CSA comme organe de référence permettant l'inclusion de toutes les parties prenantes et la définition d'un cadre structurel pour les enjeux relatifs à la sécurité alimentaire.

Source : IDDRI